Portrait
Dominique Dormont, humble et fervent soldat de la science
Il n’aurait sans doute pas aimé. Ces hommages appuyés, ces compliments posthumes, ces témoignages admiratifs... Dominique Dormont fuyait les honneurs et la reconnaissance. Le hasard a fait que, à l’image de sa vie, c’est dans la discrétion qu’il s’est éclipsé un dimanche de novembre, à l’âge de 54 ans. Avec sa disparition, c’est une page entière de l’histoire des crises sanitaires contemporaines qui se tourne. Acteur clef de l’expertise française dans le domaine des maladies à prion, et interlocuteur privilégié des pouvoirs publics à partir de la première crise de l’ESB en 1996, Dominique Dormont avait une personnalité forte et fascinante. Agra évoque sa mémoire avec une partie de ceux qui, du monde scientifique au monde professionnel et politique, l’ont cotoyé.
« Il s’agit d’une des personnalités qui m’aura le plus marqué ces dix dernières années. Sa mort m’a touché ». Jean Glavany date de l’automne 2000 sa première rencontre avec le spécialiste de l’ESB. « C’était quelques semaines avant la seconde crise de la vache folle, lors d’un dîner que j’avais organisé avec quelques scientifiques pour " faire mon éducation " sur le dossier des maladies à prion » se souvient l’ancien ministre de l’Agriculture (1999-2001) de Lionel Jospin.