Landfiles redonne les clés de la com' aux producteurs
À l’heure où la « montée en gamme » des filières agricoles est posée comme un impératif, le partage des itinéraires techniques et la capacité à mettre en valeur les bonnes pratiques deviennent des enjeux forts. C’est ce que propose de faire Landfiles, à travers une application commercialisée en mai dernier, après un an de développement. Dans un premier temps, l'offre de Landfiles s'adresse en priorité aux groupements de producteurs et groupements techniques. Elle s’articule autour de 2 volets.
Le premier volet est marketing. Il permet aux producteurs de faire du storytelling sur leurs produits à partir des données de production qui remontent en temps réel de leurs exploitations. « On récupère l’ensemble des données de production du groupement qui adhère au service et on met en place un processus de mise en visibilité », explique Nicolas Minary, créateur de Landfiles, issu d’une famille d’éleveurs (à gauche ci-dessous, aux côtés de son équipe dirigeante). Le service veut ainsi faciliter la possibilité d’amener le consommateur « vers des productions équitables et issues de techniques agroécologiques », ajoute-t-il.
Pour une marque de producteurs, le but est ainsi de pouvoir mettre en valeur ses techniques de production et l’origine des produits via des photos, des descriptifs mais aussi de proposer « une cartographie évolutive » des distributeurs du produit. « Avec cela on redonne les clés de la communication aux producteurs en leur permettant de produire eux-mêmes leur matériel marketing », insiste Nicolas Minary, qui précise que la même chose pourra être faite avec les restaurateurs d’ici l’automne.
Le second volet est technique. Il est destiné à remplacer les conversations Whatsapp ou Facebook sur lesquelles les producteurs échangent des itinéraires techniques. Avec les réseaux sociaux traditionnels, « les itinéraires techniques et les discussions qui vont avec sont mélangés. Au bout de deux semaines cela n’est plus lisible », constate Nicolas Minary. Landfiles se propose de séparer les deux en permettant de publier des informations techniques classées par ferme, par parcelle, tout en en discutant (voir photo ci-dessus).
Surtout, le système veut « connecter les groupes techniques entre eux » en leur permettant de consulter les itinéraires techniques d’autres groupes similaires dans d’autres régions, voire dans d’autres pays. « Il est très important, pour répondre aux aléas climatiques extrêmes, de pouvoir consulter les itinéraires techniques de groupes ayant déjà vécu un cas similaire, une sécheresse par exemple », explique Nicolas Minary.
Pour l’instant, Landfiles compte un client payant, un groupement de 3000 producteurs de viande mais « d’autres groupes testent le système en maraîchage et grandes cultures ». L’application est gratuite pour les agriculteurs et les conseillers, le prix du service varie ensuite selon les fonctionnalités choisies par les clients. Landfiles est encore en autofinancement : « La question d’une levée de fonds se posera en fin d’année », détaille Nicolas Minary qui ajoute ne pas « se fixer d’objectifs quantifiés » pour le moment.
Romain Ouertal
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