Analyse
Des idées jusqu’alors jugées « saugrenues » gagnent en crédit
Force est de constater que la crise laitière est devenue emblématique d’une organisation de marché qui ne fonctionne plus. Du coup, un courant régulateur s’est emparé de certains pays, la France en tête, face à une Pac ne jouant plus son rôle protecteur et une Commission européenne écoutant les sirènes du libéralisme. Du groupe à haut niveau (GHN) créé en octobre dernier, la France attendait beaucoup. Bruno Le Maire, le ministre français en fonction depuis presque un an, a constaté que le chemin vers la régulation européenne des marchés agricoles était semé d’embûches. Au bout de neuf mois, ce groupe propose de nouvelles mesures. Ces « vérités » émises par les syndicats ou le monde politique telels que l’asymétrie du poids des producteurs et des transformateurs dans la filière laitière sont aujourd’hui davantage crédibles. Le GHN reprend à son compte « ces vérités », qualifiées de « saugrenues » il n’y a pas si longtemps. Mais ce groupe n’est pas décisionnel. Tout le travail législatif à suivre verra à nouveau l’affrontement de pays dont les intérêts divergents sont autant de source d’opposition.
«Il faut considérer les conclusions du groupe à haut niveau laitier comme un nouveau point de départ », confiait un observateur de la filière laitière. En clair, ce nouveau point de départ rapproche un peu plus les protagonistes d’un modèle dit régulateur, permettant de stabiliser le marché et les revenus des producteurs tout en améliorant la transparence des marchés, de leur but. Les « vérités » syndicales et politiques gagnent en crédibilité quand elles sont reprises dans les conclusions d’un tel groupe de travail.