Crise laitière
La contestation syndicale s’invite au Space
« Je savais que la Bretagne était une région tonique, je ne suis pas déçu », a commenté non sans humour Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, le 15 septembre. Pour sa première inauguration du Space, le ministre a été privé de visite. La faute incombe à la crise laitière et aux militants de la Confédération paysanne, de l’OPL (organisation des producteurs de lait) et de l’Apli, qui ont obligé le ministre à se retrancher au commissariat général du salon sous bonne escorte. La tension était telle entre les militants qui s’estiment « trahis » par le pouvoir politique et la FNSEA, que la tentative du ministre d’effectuer sa visite aura tourné court en cinq minutes. Même mésaventure était arrivée au président du Space et de la FNSEA obligé de battre en retraite sous les sifflets et les invectives : « Jean-Michel démission ! », « Vendu ! ». La FNSEA voulait se rassurer en résumant ces incidents à « quelques syndicalistes qui veulent en découdre avec la FNSEA ». Il y a encore six mois, cette forme de contestation était impensable. Mais derrière le symbole, des signes avant coureurs de ce malaise syndical étaient perceptibles. Sans compter la sortie de Nicolas Sarkozy, le 15 septembre qui taclait la traditionnelle cogestion entre la FNSEA et le pouvoir en place. Dénonçant « les chèques » demandés et accordés à la FNSEA pour les producteurs. Le syndicat a contre attaqué en annonçant une manifestation nationale pour le 16 octobre.
Pour la première fois, le Breton Jean-Michel Lemétayer leader de la FNSEA et éleveur laitier s’est retrouvé contesté sur son propre salon – le Space – sur ses terres, par des producteurs de lait. Tout un symbole. Pris à parti avec toute la violence du désespoir par quelques militants de la Confédération paysanne, de l’OPL et de l’Apli qui contestaient les chiffres donnés par le syndicaliste sur le taux de suivi de la grève du lait, il a été obligé battre en retraite sous escorte.