Porc
La crise s’installe
Habituée à des phénomènes cycliques, la filière porcine fait face aujourd’hui à une crise. Entamée il y a six mois, celle-ci n’est pas liée à un effondrement du marché, mais bel et bien à la flambée des coûts de production. En cause : l’ascension vertigineuse du prix des céréales en 2007 qui a entraîné celui des aliments. Parallèlement, les prix payés aux producteurs en 2007 ont reculé de 8,59 % par rapport à 2006. Depuis la fin de l’été, les pertes financières des exploitations porcines ne cessent de se creuser. Selon l’Institut technique du porc (Ifip), 30 à 40 euros par porc sont perdus en moyenne par exploitation aujourd’hui. L’issue de la crise ne devrait pas intervenir avant le second semestre 2008, voire le début de 2009. Tout dépendra du redressement espéré des cours et surtout de la baisse éventuelle du prix des céréales. En attendant, la profession s’organise. Elle vient de mettre en place une Caisse d’avance de trésorerie dotée de 100 millions d’euros. Parallèlement, le gouvernement français a annoncé un plan d’allègement des charges, tandis que la Commission européenne autorisait fin 2007 le retour des restitutions. Mais combien de temps les éleveurs pourront-ils tenir ? Si la situation ne venait pas à s’arranger sur le second semestre, certains spécialistes prévoient déjà « une casse très sérieuse » dans l’élevage porcin français.
«Le semestre va faire très mal » pour la filière porcine, prévient Georges Douguet, spécialiste des questions porcines au Centre d’économie rurale (CER) des Côtes-d’Armor. Débutée en août 2007, la crise porcine se durcit aujourd’hui rapidement. Pourtant, depuis 6 mois, elle ne semble pas attirer l’attention d’un monde agricole qui n’a d’yeux que pour le Grenelle de l’environnement, la culture ou non des OGM et la préparation du bilan de santé de la Pac. Mais pendant ce temps, la situation s’aggrave dangereusement pour les éleveurs de porcs.