Echec à l’OMC
L’accord impossible entre deux conceptions de l’agriculture
L’impossible entente entre les États-Unis d’une part, l’Inde et la Chine rejoints par bon nombre de pays africains d’autre part, a scellé le sort des négociations du cycle de Doha. Le mardi 29 juillet au soir, les négociateurs jetaient l’éponge et reconnaissaient l’échec de cette dernière chance d’accord à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais au-delà de cette cause ponctuelle de rupture, portant sur les conditions d’application des clauses de sauvegarde, un grand nombre de divergences opposaient les nations, principalement sur l’agriculture. En Europe, l’Union s’est lézardée entre ceux qui estimaient impossible de signer l’accord tel qu’il se présentait (dont la France et l’Italie) et ceux qui étaient prêts à l’endosser. Ce sont, en fait, deux conceptions de l’agriculture et de son rôle dans le monde qui se sont affrontées à Genève. Sans parvenir à s’entendre. L’une considère l’agriculture comme un produit de commerce international auquel doivent s’adapter leurs structures agricoles ; l’autre estime que les règles du commerce doivent s’adapter à leur agriculture et leur capacité à nourrir la population locale.
L’OMC a-t-elle encore un avenir comme instance de libéralisation du commerce mondial ? Au lendemain de son échec à concilier les positions entre les puissances économiques de la planète, c’est bien la question qui s’est posée. Non en raison des insuffisances de l’organisation elle-même – conduite par l’hyperactif directeur général Pascal Lamy, elle ne pouvait sans doute pas faire plus pour rapprocher les points de vue – mais en raison des divergences si profondes qui existent entre les nations et leur économie. Ne serait-ce que sur un dossier, l’agriculture.