Statut de l’agriculteur
« L’agriculture aura besoin d’une pluralité d’acteurs »

Pour le chercheur en sociologie François Purseigle, il pourrait être contre-productif de vouloir lutter contre le phénomène de « délégation intégrale » des cultures dont il a mis en lumière le récent développement avec son équipe de chercheurs de l’Ensat Toulouse en 2016. Car ce nouveau service, parfois proposé par des agriculteurs eux-mêmes, répond à des stratégies d’entreprise lourdes (recentrage d’exploitations vers l’élevage, développement des exigences, parfois environnementales, de certains industriels), à des logiques patrimoniales ancrées, et à des difficultés croissantes à installer des jeunes dans certains territoires. Alors que les débats sur le statut de l’agriculteur devraient être relancés en France à l’occasion de la loi foncière, et en Europe à l’occasion de la réforme de la Pac, le sociologue plaide pour une approche « intégrative ».
Vous travaillez depuis plusieurs années sur les évolutions des structures d’exploitation agricole, et notamment sur le phénomène de la délégation intégrale des travaux de grandes cultures, qui semble au centre de nombreux enjeux de la profession. Quelle est l’ampleur du phénomène actuellement, et son origine selon vous ?