Emeutes de la faim
Les pays en développement en quête d’autosuffisance alimentaire
Les émeutes de la faim ont soudain révélé l’impact terrible des hausses de prix mondiaux des produits agricoles. L’Egypte, le Sénégal, Haïti, la Mauritanie, le Mexique, le Maroc, la Bolivie, le Pakistan, l’Indonésie, la Malaisie… Autant de pays où les citadins les plus pauvres se sont soudain révoltés contre l’inflation sans précédent des prix alimentaires. Une situation qui révèle l’échec des politiques alimentaires fondées sur l’importation de denrées de base. Jacques Diouf, directeur général de la FAO, avait tiré la sonnette d’alarme depuis plusieurs mois. Bon nombre de dirigeants politiques et d’organisations internationales reconnaissent les limites des systèmes de développement fondés sur la libéralisation des marchés. L’Unesco publie un rapport réalisé par 400 scientifiques, estimant que tout le modèle de l’agriculture mondiale est à revoir. La Banque mondiale elle-même s’alarme, sans pour autant remettre en cause sa confiance dans la libéralisation des marchés. Il n’empêche : si les spécialistes divergent sur les modèles économiques à mettre en œuvre, tous conviennent qu’il faut les changer.
Le « statu quo n’est pas une option » : l’expression, contenue dans un rapport diligenté par l’Unesco, résume bien la situation. Il faut trouver un nouveau modèle pour les pays en développement afin qu’ils puissent nourrir leur population. La hausse soudaine des prix agricoles mondiaux se répercute déjà dans ceux des denrées alimentaires. Ce qui est positif pour des agriculteurs de pays occidentaux devient une catastrophe pour les pays du Sud.