Main-d’œuvre : une décennie de réalignement allemand

En Allemagne, l’instauration puis l’augmentation progressive du Smic depuis dix ans, ainsi que l’extinction de la sous-traitance dans l’industrie de la viande après la crise Covid, ont permis un réalignement des coûts du travail allemand avec la France. Appuyées sur un usage important de la main-d’œuvre saisonnière, les filières agricoles d’outre-Rhin en ont souffert, particulièrement en porc, vin, fruits et légumes. Symboles de ce recul, les productions de fraise et d’asperge ont vu leurs surfaces se réduire drastiquement. Dans la filière porc, la conjonction des hausses de salaires, de la réglementation renforcée sur le bien-être animal et des crises sanitaires, a fait perdre sa place de leader à l’Allemagne au profit de l’Espagne – qui réfléchit à son tour à améliorer le sort des salariés.
C’est le bout d’un réalignement qui aura duré une décennie. Le 27 juin à Berlin, la toute-puissante Commission sur le salaire minimum rendait son jugement. Dans un exercice paritaire typiquement allemand, la Mindestlohnkommission décidait qu’elle allait finalement augmenter à nouveau le Smic, mais en deux étapes pour atteindre un maximum de 14,60 € d’ici 2027, alors le pays s’attendait à un salaire à 15 euros de l’heure. Cette décision est la dernière d’une longue série commencée depuis l’institution du Smic dans le pays en 2015.