Henri Brichart (FNPL)
« Pas de contractualisation sans garde-fous pour les producteurs de lait »
« Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation », lance Henri Brichart, le président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), suite à l’annonce de Nicolas Sarkozy d’obliger par la loi la filière laitière à contractualiser dès 2010. « Cette contractualisation ne pourra pas fonctionner si on ne donne pas le temps aux acteurs de la filière pour la préparer et aux producteurs de s’organiser », ajoute-t-il. Finaliser un dispositif permettant aux producteurs de bénéficier de garde-fous d’ici deux mois lui semble irréaliste. D’autant que pour le syndicaliste, il faut renforcer juridiquement l’interprofession dont le rôle est majeur dans cette nouvelle donne laitière. « Sans volonté politique », il ne se passera rien. « La puissance publique doit jouer un rôle dans cette nouvelle relation entre les producteurs de lait et leurs transformateurs », veut croire Henri Brichart. Un président peu enthousiaste à l’évocation de Bruno Le Maire : « J’ai le sentiment que le ministre s’est quelque peu joué de nous, la FNPL », dit-il, faisant référence à l’épisode de la grève du lait. Au chapitre du prix du lait 2010, rien de plus simple, sur le papier : l’accord du 3 juin 2009, tant décrié, s’appliquera à la hausse pour le premier trimestre 2010. Encore faut-il que les transformateurs le respectent.
Nicolas Sarkozy a annoncé le 27 octobre que « la contractualisation s’appliquera dans la filière laitière dès 2010 par la loi ». Est-ce réalisable dans ce « timing » serré ?
Henri Brichart : Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation, comme dit le proverbe. Le calendrier défini par le chef de l’Etat est serré. Evidemment le politique doit montrer qu’il agit mais la situation de la filière laitière, on le sait et on l’a vu, est compliquée. Les semaines qui viennent seront elles aussi complexes.