Crise du lait
Un accord politique déjà fragilisé
Une course contre la montre doublée d’une négociation marathon assortie d’une pression politique sans précédent. Tels sont les ingrédients qui ont abouti, le 3 juin, à un « faux accord » sur le prix du lait, selon la formule des Jeunes agriculteurs. Cet accord prévoit trois prix moyens sur 2009 selon que l’entreprise de collecte a une part plus au moins grande de produits industriels dans sa valorisation. Le niveau le plus haut est fixé à 280 euros/ 1000 litres. Le plus bas à… 262 euros/1000 litres. Cet accord obtenu à l’arraché dans la nuit du 3 juin, au ministère de l’Agriculture par les trois familles de l’interprofession est jugé « insatisfaisant » par la FNSEA mais « indispensable ». Un mal… nécessaire, loin de convaincre tous les syndicalistes de la grande maison malgré l’enveloppe de 30 millions d’euros pour les producteurs débloqués par Michel Barnier. Dès le 4 juin, certaines FDSEA dénonçaient l’accord et appelaient, à nouveau, à la mobilisation. Comme les Jeunes agriculteurs et l’ensemble du syndicalisme agricole minoritaire, exclus des négociations. Tous unanimes pour qualifier de « dupes » cet accord « imposé » par le gouvernement à quelques jours des élections européennes. Même les industriels laitiers sont loin de crier victoire. Au lendemain de la signature, la FNSEA mettait même en garde contre la tentation de non-respect de l’accord par la transformation. L’encre de ce compromis est à peine sèche qu’il est déjà fragilisé. L’empressement politique à trouver une sortie de crise à n’importe quel prix n’a pas rendu service à la filière. Et reste à voir s’il a marqué l’opinion publique. Réponse dans les urnes.
De mémoire de syndicaliste laitier, on avait rarement vécu une telle pression politique à quatre jours d’une échéance électorale importante. Un scrutin européen dont le ministre Michel Barnier est partie prenante. Un contexte de négociation sur le prix du lait inédit pour les acteurs de la filière qui tentaient de trouver un accord depuis le 28 mai, date de la première réunion de l’interprofession. Il y en aura trois.