Bilan de santé de la Pac
Une nouvelle étape vers la libéralisation de la Pac
Après plus de vingt heures de discussions, les ministres de l’Agriculture de l’Europe ont fini par aboutir à un compromis sur le bilan de santé de la Pac. Un projet qui est le fruit de nombreuses concessions de part et d’autre, entre les défenseurs et les pourfendeurs des quotas laitiers, entre les pays favorables au maintien de la régulation des marchés et ceux qui veulent la torpiller. Le résultat consacre, à l’évidence, un pas supplémentaire franchi vers une dérégulation de la politique agricole commune européenne. Les outils de régulation voient leur portée réduite (intervention) ou menacée à terme (quotas laitiers) tandis que le découplage de la quasi-totalité des aides est décidé. Deuxième aspect de l’accord, la renationalisation d’une proportion croissante des budgets européens, tant par le biais de l’article 68 (réorientation des aides en faveur de productions fragiles ou vers l’assurance récolte) que par le financement du deuxième pilier de la Pac. La réaction des syndicats d’agriculteurs français, presque unanimement critiques, ne s’est pas fait attendre. Ils refusent cette dérégulation, malgré le maintien de quelques outils, et stigmatisent la réduction des aides que provoquera la modulation supplémentaire. Seuls les éleveurs de bovins, dont la prime herbagère devrait profiter de ressources nouvelles, trouvent quelques vertus à ce bilan de santé de la Pac. Le ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, a obtenu un succès politique en obtenant un accord au nom de la présidence française de l’UE. Mais il aura beaucoup de mal à en convaincre les agriculteurs.
Une vingtaine d’heures de marchandages et plus d’une quarantaine de concessions, petites ou grandes, ont été nécessaires à la présidence française de l’UE pour décrocher le 20 novembre à Bruxelles au matin un accord sur le bilan de santé de la Pac à la majorité qualifiée. Visiblement froissée par la présentation du premier projet de compromis, la veille en début d’après midi, l’Allemagne a donné de véritables sueurs froides aux négociateurs qui ont dû redoubler d’efforts – deux entretiens en tête à tête dont l’un de près d’une heure – pour la convaincre d’accepter le compromis final.