Coopération agricole
A la recherche d’une nouvelle politique
Les aides conjoncturelles débloquées par la France pour ses agriculteurs étaient au cœur du discours du Président Sarkozy à Poligny fin octobre, la refondation d’une politique agricole anti-crise a fait la trame de celui de son ministre Bruno Le Maire devant les coopératives réunies en congrès le 10 novembre à Paris.
Le ministre de l’Alimentation et de l’agriculture avait à répondre au « coup de gueule » du président de Coop de France sur différents problèmes de fond tels que la mise en « garde à vue » des fournisseurs lorsqu’ils entament les négos annuelles avec la grande distribution, ou la rigidité de l’OMC qui veut conclure Doha comme si rien n’avait changé dans le monde depuis 2001. Et face à ses propositions pour une autre vision plus stratégique de l’agriculture et de l’agroalimentaire français, il ne pouvait s’en tenir au court terme ni même aux « urgences » du revenu agricole. Bruno Le Maire a donc promis de tenter à nouveau de rallier un maximum de nos 26 partenaires européens autour d’une même vision, « volontariste et ambitieuse », de l’agriculture et pour la définition d’une PAC nouvelle : celle-ci, a-t-il dit, n’aura pas de légitimité en soi, seuls les consommateurs européens pourront la lui donner, si l’on sait tabler sur leurs exigences de qualité, de sécurité et de respect de l’environnement. De plus, selon Bruno Le Maire, « il n’y aura pas de politique agricole sans des éléments de régulation du marché ». Tel sera aussi le sens de la prochaine LMA (loi de modernisation agricole) que le ministre va transmettre ces jours-ci au Conseil d’Etat et qui revisitera, a-t-il précisé, les concepts de « contrat » (« qui n’est pas l’intégration ») en fonction des contraintes des différentes filières, d’interprofession et de partage de la valeur ajoutée dans la formation des prix.
Le président Mangin, réélu le matin même à la tête de Coop de France, avait auparavant réclamé en effet au ministre de lancer une nouvelle dynamique européenne et de faire aboutir l’alliance « tant espérée » entre Sodiaal et Entremont, un dossier jugé « vital pour toute l’économie laitière ».
Quelques jours plus tôt, Coop de France avait rappelé le contexte de son congrès 2009, et considéré que les coopératives ont bien résisté à la conjoncture difficile de cette année. « Le secteur a consolidé ses positions et a gardé une bonne dynamique d’investissements », a expliqué Yves Le Morvan, directeur de Coop de France. Le modèle économique responsable des coopératives, qui échappent à la spéculation, montre donc son efficacité. L’organisation a donné quelques pistes pour que la situation des agriculteurs, et en particulier des éleveurs laitiers, s’améliore.