Prix du lait
L’accord obtenu ne dénoue pas la crise
Pressé par les échéances électorales, le gouvernement a quelque peu forcé la main des trois familles de l'interprofession laitière et obtenu, le 3 juin au ministère de l’Agriculture, que soit paraphé, après huit jours de tentatives sans succès, un « accord » sur le prix du lait. Celui-ci, fixant le meilleur montant à 280 euros/1000 litres, ne résulte pas d’un rapprochement des points de vue (la fédération des producteurs exigeait au moins 290 euros et pour les entreprises, c’est encore 20 % de trop !), il a bien au contraire été imposé d’en haut. Du coup, il a d’emblée été critiqué même par ses signataires et de nouveaux débordements se poursuivent cette semaine y compris à l’appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs. La journée du 11 juin est annoncée comme une journée de blocage spectaculaire des plates-formes de la grande distribution, un mouvement qui a déjà été bien devancé dans l’Ouest, ceci pour obtenir une mise à plat des marges jugées obscures qu’elle pratique sur les produits laitiers comme sur d’autres produits sensibles comme le porc ou les fruits et légumes.
Le protocole obtenu à l’arraché dans la nuit du 3 au 4 juin a été assorti de plusieurs promesses gouvernementales : un plan d’accompagnement pour les éleveurs fragilisés qui sera débloqué par l’Etat à hauteur de 30 millions d’euros, un gel au plan national de l’augmentation de 1 % du quota pour la campagne 2009-2010 et le lancement d’une enquête pour faire la pleine transparence sur les prix et les marges dans les entreprises et les centrales d’achat. Accord on ne peut plus politique donc, à l’issue de tensions et de marathons répétés tels que le Cniel n’en a jamais connu autant.