Sécurité alimentaire
Le report de l’interdiction du Bisphénol bienvenu pour les industriels
Le Sénat a adopté, mardi 9 octobre en première lecture, la proposition de loi visant à suspendre l’utilisation du bisphénol A (BPA) dans les conditionnements alimentaires. Le texte adopté par les sénateurs prévoit que les produits destinés aux enfants de moins de 3 ans devront en être exempts dès 2013 – comme le prévoyait le texte initial, adopté par les députés en octobre 2011. En revanche, la suspension dans l'ensemble des conditionnements alimentaires, initialement prévue pour le 1er janvier 2014, a été repoussée au 1er juillet 2015. À cette date, tous les dispositifs médicaux destinés aux femmes enceintes ou aux nourrissons devront aussi être exempts de BPA ainsi que de tout autre perturbateur endocrinien ou composé carcinogène. Le texte, qui a été amendé, doit donc reprendre le chemin de l’Assemblée nationale, avant que de revenir de nouveau au Sénat. Il suscite de vives polémiques et va fortement impacter les industries de l’emballage et de l’alimentation. Les industriels de l’alimentation, comme leurs fournisseurs d’emballage, ont accueilli favorablement ce report, afin de leur laisser du temps pour trouver des substituts réellement fiables pour la santé. Une position que peut comprendre l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir, mais qui souhaite que l’on profite de ce débat pour l’élargir à d’autres substances et que se pose la question de la répartition des rôles dans l’évaluation scientifique. Le groupe Réseau santé environnement déplore pour sa part que le danger présenté par le BPA ne soit toujours pas suffisamment pris au sérieux. L’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire (Anses) n’a pas souhaité répondre à nos questions, rappelant qu’elle avait déposé en septembre dernier, auprès de l’Agence européenne des substances chimiques (ECHA), une proposition de révision du classement du bisphénol A en vue d’un classement plus sévère de cette substance en tant que toxique pour la reproduction, au niveau européen.
Cécile Rauzy, directeur Qualité et Nutrition pour l’Ania (Association nationale des industries alimentaires) nous a confié sa préoccupation, partagée avec les industriels de l’emballage, de ne pas précipiter le calendrier d’une interdiction du bisphénol. Elle souhaite également rassurer les consommateurs, souvent désorientés par le traitement médiatique du problème et des avis scientifiques parfois divergents. Elle confirme que les industriels sont toutefois largement impliqués et actifs dans la recherche de substituts