Le rapport Attali
Supprimer le seuil de revente à perte, libérer la négociation tarifaire
On s’y attendait depuis le rapport d’étape révélé en octobre, la commission Attali a mis en bonne place dans ses propositions « pour libérer la croissance » une concurrence maximum dans le secteur de la distribution. Et en précisant que, plus que bien d’autres réformes, elles seraient de celles qui auraient « un impact très rapide ». Pour faire bonne mesure, l’instauration de la liberté complète du commerce s’inscrit au chapitre qui énonce comment « supprimer les rentes, réduire les privilèges et favoriser la mobilité ». Pour les industriels qui sont en prise directe avec les GMS, ce rapport ne peut être pris à la légère même s’il est bien difficile de dire ce qui en sortira
. Il est porteur pour eux des plus grands changements et de ceux dont ils n’attendent rien de bon. On sait en effet qu’ils se sont toujours fermement opposés à l’autorisation de la revente à perte et de la discrimination tarifaire, que propose justement le rapport. Même les points sur lesquels la commission Attali cherche à favoriser les fournisseurs risquent de les laisser de marbre : obliger à réduire les délais de paiement à moins de 30 jours ne sera pas complètement une innovation dans le secteur alimentaire puisque telle est déjà la règle pour les produits frais. Les PME seront-elles au moins sensibles aux nombreuses propositions visant à leur faciliter la vie et à accélérer leur développement (aide aux regroupements commerciaux, simplifications administratives, meilleur accès au financement) ? Tout dépendra de la probabilité de leur mise en œuvre. Et là il y a encore trop peu d’indices pour trancher.
Comme pour prévenir les critiques univoques, le rapport définitif que Jacques Attali a remis au président Sarkozy la semaine dernière joue, en presque tous ses chapitres, du balancier : libéraliser mais aussi éviter de trop accroître les inégalités. Cela vaut pour les questions qui intéressent la filière agroalimentaire : toutes les « décisions » envisagées par le rapport concourent à libérer la capacité de négociation des distributeurs mais aussi à empêcher leurs abus de position dominante qui seraient davantage poursuivis dans le cadre des actions anti-trust.