Prix du lait
Le rôle de l’interprofession en cause
En apparence, la décision du groupe Entremont de revenir à de meilleures dispositions concernant le prix du lait payé à ses producteurs, après 15 jours de blocage de ses usines, est une victoire syndicale incontestable pour le syndicalisme majoritaire. Pour autant, les craintes de Jean-Michel Lemétayer de voir l’interprofession laitère réduite à un rôle de figurant après l’injonction de la DGCCRF de stopper la recommandation nationale sur le prix du lait sont réelles. Le ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, qui a reçu les présidents de la FNSEA et de la FNPL joue la prudence. Il ne remet pas en cause la décision de la direction de la répression des fraudes invoquant le motif de distorsion de concurrence dans la filière. Sa sortie de crise politique se résume en la constitution d’un groupe de travail coanimé par pas de moins de trois ministères (Agriculture, Economie et Emploi). Le souci est que ce groupe de travail doit examiner « les modalités d’un renforcement des relations contractuelles entre les éleveurs et leurs collecteurs ». Interpellé sur cette contractualisation, Jean-Michel Lemétayer estimait que « ce n’était pas le sujet » avant la fin des quotas. Pire, une généralisation des contrats liant localement chaque entreprise et ses producteurs, risque, à terme, de réduire à peau de chagrin le poids de l’interprofession nationale sur l’économie de la filière.
«Une erreur grotesque de l’administration française » risque de « démolir l’interprofession laitière (Cniel) ». Pas moins. La formule est de Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA et ancien président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) de 1995 à 2002. Le leader syndical sait de quoi il parle. C’est lui qui, il y a dix ans, est parvenu avec les transformateurs laitiers à instaurer une recommandation nationale trimestrielle sur le prix de base payé aux producteurs. Cet accord a été, depuis 10 ans, âprement discuté par les intéressés.