Microplastiques : nouveau fléau des sols agricoles
Si la recherche sur les microplastiques dans les sols est toute jeune, on commence à cerner l’ampleur de ce fléau face auquel il n’existe pas de solution curative. Les microplastiques diminuent la qualité des sols en modifiant le cycle des nutriments, ils perturbent la microbiologie des sols en créant une « plastisphère », et affectent les êtres vivants comme les vers de terre. Ils remontent la chaîne alimentaire jusque dans les grains de blé, les fruits et légumes, le lait et la viande. Leur présence pèse sur la photosynthèse des plantes, ce qui représenterait chaque année une perte de rendements de 4 à 13,5 % pour le riz, le blé et le maïs, dans le monde. Avec le large recours aux plastiques dans l’agriculture française, y compris en élevage, apparaît la nécessité de documenter les usages pour amorcer un changement. En France, on estime la contamination à 244 kg de microplastiques par hectare de sol agricole dans la couche superficielle, niveau considéré comme problématique pour les rendements par des études pionnières. En Chine, les films de paillage plastique ont d’ores et déjà rendu des endroits incultivables.
Les sols sont le parent pauvre de la recherche sur la pollution plastique. « Le milieu marin est le plus étudié, puis les eaux continentales. Les sols, c’est là où il y a le plus de trous aujourd’hui : les recherches n’ont commencé qu’en 2015 », constate Bruno Tassin, chercheur sur les sources de contamination à l’École des Ponts ParisTech.