Vergers : l'avènement des « variétés club »
Contestées à leurs débuts, les variétés « club » ont pourtant fini par convaincre et reconfigurer les vergers français. Nées dans les années 1990, elles ont alors imposé un cadre inédit, s’appuyant sur la protection variétale et l’octroi de licences d’exploitation à un nombre limité de producteurs. Chaque variété est cultivée sous contrat, selon des standards précis de calibre, de couleur et de goût, et soutenue par un marketing mutualisé. Pink Lady en a dessiné l’architecture, avec 170 000 tonnes produites en 2024, soit près de 12 % de la récolte nationale de pommes. D’autres fruits empruntent cette trajectoire, avec l’espoir de rencontrer le même succès : la poire, encore émergente, et le kiwi, avec le géant néo-zélandais Zespri, qui en a déjà fait un modèle abouti. Derrière cette réussite, une mécanique économique bien rodée, combinant versement de redevances, budget de communication dédié et rémunération attractive pour les producteurs agréés. Mais la promesse de qualité a aussi un prix. Jusqu’à 30 % des fruits peuvent être écartés pour garantir l’offre premium aux consommateurs. Le succès porte aussi en lui sa fragilité, avec la multiplication des programmes qui menace de banaliser ce qui en fait leur singularité.
À sa naissance, dans les années 1990, le concept des variétés club n’allait pas de soi. Beaucoup d’arboriculteurs voient dans cette forme d’intégration une contrainte. « Ce n’était pas naturel et le modèle a été fortement critiqué à l’époque. Certains ont d’ailleurs planté relativement tard », confie Renaud Pierson, directeur général de Star Fruits, éditeur de variétés et créateur de marques. « À l’époque, ce type de démarche était encore méconnu des arboriculteurs.