Crise du beurre
La guerre des prix fait toujours rage
Dans la crise du beurre, même si le ministère de l’Agriculture dit que les choses sont en train de s’arranger, on assiste depuis quelques semaines à un mélodrame commercial à la française que seul le monde agricole et agroalimentaire est capable de générer. Il s’agit en fait d’un bras de fer entre les industriels laitiers et la grande distribution, alors que les producteurs comptent les points. Si l’envolée du prix mondial en est l’origine, la "pénurie" dans les rayons relève de causes bien plus complexes, en lien direct avec le mode de contractualisation entre transformateurs et distributeurs. Faute d’avoir pu renégocier les prix du beurre, les industriels ont dénoncé les contrats sur le beurre MDD, d’où une rupture d’approvisionnement des supermarchés, et ils ont commercialisé la crème et le beurre sur le marché libre, bien plus rémunérateur. Pour régler ce conflit, il ne sera sans doute pas suffisant d’invoquer "l’esprit des États généraux de l’alimentation" comme le fait Stéphane Travert. Cet épisode montre en tout cas que la guerre des prix est loin d’avoir pris fin et que les États généraux de l’alimentation s’attaquent à un vaste chantier.
Des rayons vides dans les supermarchés… Dans notre société de consommation et d’abondance, un tel spectacle interpelle. Il nous renvoie à un passé lointain, mais toujours enfoui dans nos mémoires collectives. Ces rayons vides, ou moitié vides, de beurre ont provoqué une flambée médiatique qui, sans aucun doute, a attisé les achats des consommateurs. « La crainte de la pénurie crée la pénurie », a résumé Stéphane Travert, dans une intervention sur RTL le 31 octobre.