Quelle rentabilité des exploitations à horizon 2050
Là où les exercices de prospective agricole s’intéressent le plus souvent à la macroéconomie (productions, rendements, usages de terres…), quatre groupes français du secteur agricole ont réalisé un travail inédit de microéconomie. Le Crédit agricole, InVivo, Sofiproteol et Unigrains ont modélisé, avec McKinsey, ce que pourrait devenir la rentabilité des exploitations françaises conventionnelles à horizon 2050, selon trois scénarios. Dans un scénario dit « d’adaptation retardée » (+ 2,3°C), les rentabilités (EBE) par hectare chutent si les pratiques n’évoluent pas, de 5 à 72 % selon les types de fermes. Les grandes cultures irriguées du Sud et celles du Grand Est seraient très touchées. La dynamique est différente à l’échelle de l’exploitation dont la taille grandit : seuls quatre systèmes sur neuf voient leur EBE reculer. Les trois archétypes liés à l’élevage (bovins viande, lait et polyculture) progressent même, grâce à l’agrandissement qui bénéficie aux cultures de vente. Pour rétablir les rentabilités à l’hectare, les auteurs proposent des leviers d’adaptation (nouvelles cultures, photovoltaïque, Cive…) qui permettraient un maintien, voire une amélioration de la rentabilité à 2050. Mais ces schémas butent rapidement sur la capacité d’endettement des exploitations, face à laquelle les auteurs appellent à une mobilisation des filières et de l’État.
À quoi ressemblera la rentabilité des fermes françaises à horizon 2050 ? C’est une question que se posent tous les agriculteurs français et les candidats à l’installation, mais à laquelle – il faut se rendre à l’évidence – les nombreux exercices de prospective agricole n’avaient pas répondu jusqu’ici, se limitant à des approches macroéconomiques (productions, usages de terres…), par filière ou territoire.