Le grand bras de fer pour les broutards

Sur fond de décapitalisation et de crises sanitaires, c’est toute l’Europe qui manque aujourd’hui de bovins. En face à face, exportateurs et abatteurs français se disputent des broutards de plus en plus rares. Un bras de fer qui tourne depuis quelques semaines en faveur de l’export, entre flambée des prix et allègement des conditions sanitaires vers l’Italie et l’Espagne. Ce retournement du marché intervient après trois années de relocalisation de l’engraissement des jeunes bovins en France, sous l’impulsion des politiques et de la filière. Dans les prochains mois, la filière va basculer dans l’inconnu : en raison des épidémies de FCO et de MHE de l’automne 2024, la pénurie de bovins mâles est appelée à s’aggraver fin 2025 et début 2026. Avec un peu d’avance sur le reste de la filière bovine, les acteurs de la voie mâle devront donc apprendre à vivre avec une ressource qui se raréfie.
Sur fond de décapitalisation, de maladies et de décisions politiques, difficile de dire à quoi ressemblera la filière bovins viande dans deux ans, si ce n’est à un grand bras de fer entre ces deux principaux débouchés des mâles, qui semblent jouer leur avenir. Dans ce combat, l’engraissement en France de jeunes bovins (JB) gagnait du terrain depuis 2022. Mais, « depuis le début de l’année 2025, la tendance semble s’inverser » en faveur de l’export de broutards vifs, constate Boris Duflot, directeur du département Économie de l’Idele (Institut de l’élevage).